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3 Questions à Renaud Piazzetta, directeur de l’Institut Méditerranéen du Liège (IML)

Les filières restent locales, issues d’un savoir-faire et d’un territoire forestier valorisé.

Le liège français entame une reconquête et du grand public et des industriels. La filière a trouvé son second souffle. Elle a su se structurer et reconsidérer cette ressource naturelle, recyclable, alliée de la transition écologique. 

Renaud Piazzetta

Le liège français avait-il disparu ? 


Quoique toujours existante, la filière n’était plus compétitive, concurrencée dès les années 1950 par les lièges à moindres coûts du Portugal, de l’Espagne, ou encore du Maghreb.

Néanmoins, le liège français était encore recherché pour les bouchons des grands vins de garde. Nos entreprises se sont trouvées peu à peu obligées de vendre à leurs homologues portugaises ou espagnoles. En 1992, il y eut un colloque d’envergure à Vivès, près de Perpignan, avec des producteurs de tout le Bassin méditerranéen.

Le besoin d’un regroupement à l’échelon international et d’un accompagnement des propriétaires forestiers s’est alors imposé : l’IML fut ainsi fondée en 1993.

Racontez-nous le chêne-liège français !

D’abord, il couvre seulement 100 000 hectares sur 16 millions d’hectares de forêts dans l’Hexagone – ce sur 10% de forêts domaniales et 90% de forêts privées. Les 4 gros bassins de productions sont : le Var – le plus important –, avec le massif des Maures entre Hyères et Fréjus ; la Corse-du-Sud ; les Pyrénées-Orientales, au sud de Perpignan ; et les landes de Gascogne, dans le Bassin aquitain. 12 à 15 ans lui sont nécessaires pour atteindre les 3 cm d’épaisseur recherchés avant sa récolte ou « levée de liège » écorchage – en fait entre mai et août. Il s’agit d’une espèce locale, très originale par rapport à d’autres plus connues.

C’est une sylviculture particulière, douce, qui se rapproche d’une culture de verger. Le bilan s’avère de plus en plus positif, malgré les conditions d’exploitation – forêts ou massifs montagneux difficiles d’accès, d’où coûts supplémentaires de main-d’œuvre –, les records de sécheresse, le réchauffement climatique. Aucun propriétaire forestier ou producteur de liège n’en vit réellement, la plupart étant en polyculture.

Quels sont vos actions et vos projets ?


Nous accompagnons les producteurs en les incitant à identifier leurs parcelles, à les délimiter, à réaliser des travaux forestiers qui permettront un meilleur accès à la ressource liège. Les filières restent locales, issues d’un savoir-faire et d’un territoire forestier valorisé. L’accueil et le suivi sont très positifs. Un débouché économique s’installe.

Diam Bouchage nous suit aussi, par exemple avec des bouchons estampillés « liège de Corse » ou « liège du Roussillon ». Les politiciens régionaux apportent leur soutien à cet aspect paysager d’entretien des forêts, de réservoir de biodiversité – insectes, oiseaux, chauves-souris – et de sauvegarde du patrimoine. De plus, le débroussaillement, l’apparition de pistes, l’enlèvement du maquis diminuent les risques de feux de forêts.

Nous proposons des formations, des échanges internationaux, entre autres le développement de forêts de chênes-lièges en Algérie. Enfin, nous avons déposé un projet de certification du matériau liège pour le bâtiment.

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