La distillerie lorraine écrit l’avenir en grand. D’abord en triplant quasiment sa capacité de production à l’issue de grands travaux terminés récemment. Ensuite en relookant sa gamme. Et en sortant nombre de nouveautés excitantes.
3 ans de grands travaux qui s’achèvent enfin à Rozelieures, et une distillerie qui voit sa capacité quasiment tripler : cela valait bien une pendaison de crémaillère, non ? Alors cet automne, la famille Grallet-Dupic a décidé de célébrer sur une note majeure, en rhabillant joliment sa gamme permanente. Ses single malts se voient offrir une bouteille façonnée sur un moule propriétaire dont les lignes dessinent le volcan d’Essey-la-Côte qui se détache à l’horizon depuis le village et remonte en piqûre au fond de la quille – quand le cratère surgit du liquide ambré, c’est qu’il est temps de remplacer la bouteille. Le nom de Rozelieures, engravé sur le bouchon et sur le flanc du verre, revendique haut et fort l’identité du whisky lorrain, tandis que les ondulations sur l’étiquette symbolisent les sillons des champs cultivés depuis 6 générations. Posée sur la ligne bleue des Vosges, Rozelieures est une ferme-distillerie. Indépendante. Et familiale.
Aux origines du whisky Rozelieures, il y a… la mirabelle. Les vergers plantés à la fin du XIXe siècle se développent en même temps que l’activité de distillation, et la maison n’a jamais cessé de produire ses exquises eaux-de-vie de fruits – poire et mirabelle. Mais dans les années 1970, la mondialisation commence à toquer aux frontières. La garce ne s’arrêtera plus, et bientôt les grandes marques chassent les produits régionaux des habitudes de consommation.
S’adapter ou mourir ? Au virage du XXIe siècle, Hubert Grallet, quatrième génération, sa fille Sabine et son gendre Christophe Dupic prennent la décision qui changera le destin de la distillerie. Et commencent à distiller une partie du grain de leur exploitation céréalière.
15 MILLIONS DE TRAVAUX
Près de 25 années plus tard, Rozelieures s’est taillé sur mesure une place de choix dans le coeur des amateurs de whisky, et les 3 rejetons de la sixième génération sont prêts à rejoindre l’aventure, à repousser ses horizons. Mais d’abord, agrandir. Au terme des travaux entamés en pleine épidémie de Covid, la distillerie est devenue l’une des plus importantes en France, avec une capacité annuelle portée à 560 000 litres d’alcool pur.
« On a investi 15 millions d’euros pour l’expansion, dont 7 millions dans la construction d’un nouveau chai, le remplacement de la chaufferie, l’achat de cuveries et d’alambics supplémentaires », détaille Christophe Dupic. La montée réelle en production, elle, s’effectuera progressivement sur plusieurs années.
La distillerie s’est dotée d’un nouveau moulin pour moudre la céréale, et de 3 silos à grain qui flanquent désormais la distillerie côté cour. 8 nouvelles cuves de fermentation thermo-régulées portent le total à 11, et 2 alambics de style charentais sont venus tenir compagnie à l’ancienne paire dont ils reprennent la forme et les proportions, en plus grands. Et un nouveau chai semi-enterré est sorti de terre en contrebas du village, entre les champs et l’horizon – en veillant à laisser l’espace d’en construire 2 ou 3 de plus à côté.
Mais préparer l’avenir consiste aussi à mesurer les ressources, à se montrer responsable. L’unité de méthanisation des effluents, financée en partenariat avec 2 agriculteurs locaux, fournit pratiquement toute la chaleur nécessaire à la distillerie.
La nouvelle chaudière, moins gourmande, prend le relais sur les degrés manquants procurés par l’énergie verte.
Sous la pression de la génération montante, Christophe Dupic a converti une cinquantaine d’hectares d’orge en bio – et un Organic d’une grande finesse, le deuxième non-tourbé de Rozelieures, a rejoint la gamme permanente en 2023. Et les grands travaux ont offert l’occasion de repenser les captations en eau, ressource naturelle devenue un enjeu majeur : un astucieux circuit de recyclage et un système d’échangeurs permettront de maintenir à l’identique les prélèvements, même en augmentant la production.
LE LIEN À LA TERRE
C’est l’une des rares distilleries à intégrer toutes les étapes de production du grain à la bouteille, en passant par le maltage : Rozelieures insiste plus fortement que jamais sur son lien à la terre. « Je pense que dans le futur, travailler du champ au verre sera un prérequis, un axe stratégique fort du whisky français, avance Christophe Dupic. Il y a une certaine logique : la France est un grand pays céréalier, cela a du sens de garder ce lien à l’origine. »
À la rentrée, 2 nouvelles expressions limitées sont donc venues enrichir la gamme de single malts parcellaires : Les Travers, du nom de la parcelle très argileuse où a poussé la récolte, s’évade sur des notes grasses de poire et de céréale tendre épicée, de pain de campagne grillé ; et La Sous-Dicque, terroir plus argileux encore, exprime avec gourmandise le malt, les abricots secs, la miche rustique toastée sur une trame plus végétale. Ils s’accompagnent d’un duo de single casks, finish bière Imperial Saison et finish Port Cask (fût de porto).
Mieux ? Rozelieures vient d’encapsuler la fragilité et la puissance du temps qui passe avec une rare édition Tempus Vitae. Cette carafe Baccarat éditée à 10 exemplaires numérotés contient le plus vieux liquide de la distillerie, mûri 18 ans en fût de sauternes. Oui, décidément une célébration en note majeure !
Rozelieures Le Parcellaire Les Travers
70 cl, 43%. Prix : environ 65 €. Distribution : Dugas.
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