Cette île portugaise, bien connue pour ses vins fortifiés, produit depuis le XIXe siècle du rhum pur jus de canne. Cette aguardiente, avant tout destinée à la consommation locale, a fait son apparition il y a quelques années sur d’autres marchés, parmi lesquels l’Europe – et la France – figure en bonne place.
C’est en 1425 que la canne à sucre est introduite à Madère avant de poursuivre, des décennies plus tard, la route que l’on connaît vers les Amériques et les Antilles.. Le climat et un système de réseau d’irrigation (les levadas) favorisent l’agriculture. La canne à sucre ne fait pas exception et devient même la principale culture de l’île. Les moulins (engenhos) fleurissent : il s’agit de répondre à la demande en sucre de l’Europe et d’une partie du Bassin méditerranéen.
Une histoire mouvementée
Vient ensuite une période tumultueuse. Différents facteurs économiques (surproduction et concurrence du sucre brésilien) et agronomiques (épuisement des sols et maladies) vont entraîner un recul des surfaces dédiées à la culture de la canne, progressivement remplacée par la vigne.
Pour voir repartir la canne, il faudra attendre le milieu du XIXe siècle. C’est à la même période qu’est avérée l’apparition de rhum à Madère. Ce ne sont alors pas moins de 26 alambics qui sont recensés sur l’île.
Alors qu’elle culminait à 6 000 ha dans les années 1930, la culture de la canne n’occupera plus que 90 ha en 1988.
La tendance s’est inversée ces dernières années grâce à une demande accrue pour le rhum, aux prix plus élevés, et aussi à des aides de l’État.
Du fait des reliefs escarpés, la récolte se fait uniquement à la main. Elle a lieu de mi-mars à mai. Les cannes sont ensuite apportées aux distilleries afin d’être broyées et d’en extraire leur jus le plus rapidement possible.
La majeure partie du rhum ne passe pas sous bois et se voit consommée sur place pour la boisson régionale, la poncha. Ce cocktail à base de sucre ou de « miel de canne » et de jus d’agrume fait penser à une version, plus rustique mais tout aussi succulente, du daïquiri.
À la conquête du monde
Mais voilà : depuis 12 ans, le rhum de Madère bénéficie d’une Indication géographique d’origine protégée. Cela a entraîné une hausse qualitative des produits et est allé de pair avec la volonté de se tourner vers l’export.Les règles que les producteurs doivent suivre pour apposer « Rum agricola da Madeira » sur leurs bouteilles restent assez souples et permettent une grande variété dans les processus de production.
Les 6 distilleries (dont 5 en activité) que compte l’île obéissent à ce cahier des charges, ce qui signifie qu’elles utilisent toutes du pur jus issu de cannes cultivées à Madère. Telle est la seule « contrainte », ou presque, à laquelle il faut se plier.
Cependant, et afin d’éviter profils trop éloignés les uns des autres, a été mis en place un panel de dégustation, qui passe en revue tous les rhums produits avant qu’ils ne puissent être commercialisés. Il est à noter qu’aucun ajout, sauf le caramel colorant, n’est autorisé.
Durée de fermentation, levures utilisées, alambics (continus ou discontinus), essences de bois pour l’élevage… tous ces éléments sont laissés au libre choix du producteur.
Le rhum blanc (natural) peut être réduit ou non et le rhum vieux doit être âgé d’un minimum de 3 ans, sous le contrôle de l’État.
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