Coûteuse et complexe à produire, la bière désalcoolisée n’a pas encore gagné toutes les brasseries artisanales. Boosté par les grandes marques, le segment commence à prendre son essor, sans forcément entrer dans les codes du 0.0 qui séduisent toujours plus de consommateurs
Il y a 4 ans, Heineken lançait sa bière « 0.0 » apposant sa marque, sur un produit sans alcool, avec des codes graphiques quasi identiques, en promettant une expérience la plus proche possible de sa bière alcoolisée (5%). Depuis, la plupart des références du groupe ont été converties tandis qu’un foyer français sur 5 achète de la bière sans alcool, un segment dont les ventes ont crû de 22,7% en volume en 2020 (source Iri). Dans l’univers craft, « il arrive que de très bonnes brasseries comme To øl ou Mikkeller (Danemark) fassent des batches mais il n’y a pas de continuité sur la production. Il y a un problème d’approvisionnement », regrette Anael Masson, caviste (Gargantua, Paris 5e).
La cause est pourtant entendue : les consommateurs en recherchent. « Ils sont prêts à mettre plus cher sur du sans-alcool. Les clients en achètent pour leurs particularités gustatives : on a l’impression de boire de la bière. Le sans-alcool lui-même n’est pas un produit d’appel, contrairement aux tonics et aux sodas haut de gamme », constate David Morin, gérant de la cave de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). Il propose en hiver des bières plus « gastronomiques » telles la Erdinger Dumble, aux côtés de références de la brasserie berlinoise Schoppe Bräu ou, dernièrement, la pale-ale bio A la cool (0,3%) de la brasserie De Sutter (Eure).
Un mastodonte du craft comme Brooklyn Brewery n’a pas loupé le coche. Après la Special Effects (hoppy lager sortie en 2018), la marque distribuée par House of Beer lance ces jours-ci Special Effects IPA, une West Coast aux notes amères très prononcées. Un produit résolument différenciant grâce aux houblons Amarillo, Citra, Mosaïc et Lemondrop, bien connus des beer geeks. Si l’on apprécie peu l’amertume, alors s’abstenir. « La bière sans alcool est de moins en moins rattachée à la contrainte et de plus en plus au plaisir. L’offre éveille une réelle curiosité gustative auprès d’une audience de plus en plus large », observe Eugénie Mai-Thé, brasseuse en chef de FrogBeer qui a lancé, au printemps, une gamme de 4 bières sans alcool vendues dans les pubs maison et en bouteille.
De la ferme familiale à une distribution nationale
De la demande pour des bières sans alcool « ayant du goût » peuvent naître de belles histoires.
En témoigne celle de …
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