Laurence Marot
Direction Arles pour découvrir un restaurant mais aussi une cave aux influences d’Amérique latine, montée par 2 bartenders globe-trotteurs. L’aventure prouve qu’on peut porter plusieurs casquettes : restaurateur, barman, et même caviste.
2 AVENTURIERS DU SHAKER
Ils s’appellent Adrien Russotto et Victor Hoepffner. Depuis plus d’un an, ils ont jeté l’ancre dans « la petite Rome provençale », autrement dit Arles. Adrien, ancien menuisier, a tout quitté après un long voyage pour plonger dans l’univers du bar. Sa route croise celle du maître distillateur Guillaume Ferroni, alors aux commandes du speakeasy Carry Nation à Marseille.
Dès lors, concours, récompenses (dont une finale mondiale de Clairin remportée) et expériences de Londres à Haïti se succèdent, toujours guidées par la passion du cocktail. Victor, polyglotte et curieux insatiable, a, lui, longtemps navigué entre restauration et mixologie. On l’a vu shaker au Little Red Door, au Lulu White ou encore chez QuixoticProjects, avant de repartir à l’aventure, du Mexique au Canada en passant par I’Australie.
Leur première rencontre a lieu à Paris lors d’une compétition de rhum Diplomatico. Quelques années plus tard, leurs chemins se recroisent, et leur passion commune pour les voyages, les spiritueux et l’art du cocktail trace un chemin partagé : La Caye, un restaurant-cave qui distille l’Amérique latine au coeur de la Provence.
UN LIEU DEUX-EN-UN
La Caye, c’est un ovni. D’abord un restaurant où la carte joue les équilibristes entre Provence et saveurs latinos. Au menu : ceviche de poisson twisté au fenouil local, leche de tigre relevée de fruits de saison, ou encore Lomo Saltado revisité avec du taureau camarguais. Ensuite, une carte de cocktails classiques ou revisités autour de spiritueux exotiques comme une Paloma version maison au mezcal, tequila, vermouth rouge, cordial agrumes, soda et fleur de sel. Enfin, une cave à spiritueux ouverte toute la journée.
Un pari osé dans une ville peu habituée à la culture cocktail. Mais le tandem assume : « On voulait prendre le contre-pied. Ici, ni vin ni bière, seulement des spiritueux autour du cocktail. C’est notre valeur ajoutée. On cherche d’autres producteurs, d’autres sourcings. Et surtout, on veut proposer de belles bouteilles à des prix vraiment accessibles. »
Pour s’y préparer, Victor Hoepffner a même whiskypassé 3 mois dans une cave afin d’intégrer ce nouveau métier avec ses rythmes de vente, sa saisonnalité, ses creux d’activité.
Rien n’a donc été laissé au hasard.
LES ÉTAGÈRES DE LA CAYE
Poussez la porte et vous découvrez une ribambelle de flacons colorés, rangés derrière une grille métallique pendant le service, comme un trésor gardé sous clef. La sélection file droit vers I’Amérique latine : tequilas, mezcals, rhums d’Haïti ou de Jamaïque. Avec quelques clins d’oeil : vermouth, armagnac et curiosités locales.
Peu de whisky ou de gin, sauf en période festive, quand bourbon et rye viennent compléter la fête. Ici, pas question d’aligner des références « tendance » : chaque bouteille exposée est servie, mais surtout racontée. Le duo sait aussi bien équilibrer un cocktail que détailler l’histoire d’un producteur, d’une distillerie ou d’une filière. Leur expertise de bartenders prend alors toute sa valeur dans l’accompagnement.
UNE CAVE EN PLEIN DÉVELOPPEMENT
Si le restaurant reste aujourd’hui le coeur économique de La Caye, la cave suit peu à peu son propre chemin. Avec l’appui du distributeur parisien Vintage Spirit Garage, les 2 associés sont devenus revendeurs dans le Sud. Déjà, bars et restaurants leur passent commande, heureux de mettre enfin la main sur des flacons rares sans délais interminables.
Et l’histoire ne fait que commencer. Le duo rêve d’organiser davantage de masterclass, de développer le conseil, ou encore de redessiner la carte des spiritueux dans la région. Bref, de continuer à secouer les habitudes arlésiennes, avec une bouteille d’agave ou de rhum d’Haïti à la main !
4, rue du Forum – 13200 Arles
Tél. : 09 82 31 58 39
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