Freddy Lucina fait partie des figures du rhum à Paris. En 2011, il a ouvert A’Rhûm, magasin dédié aux rhums du monde et qui va bien au-delà. Caveman est parti à la rencontre de ce caviste dont le flair aiguisé n’a d’égal que la personnalité chaleureuse.
Façade couleur cigare, grande vitrine dévoilant des étagères garnies de bouteilles aux étiquettes bariolées, lumière chaude et touches végétales rappelant l’exotisme : bienvenue chez A’Rhûm. Ce lieu, situé rue Saint-Martin au coeur de Paris, est le domaine de Freddy Lucina, véritable rayon de soleil pour le quartier.
Originaire de la Guadeloupe, Freddy Lucina, désormais parisien, se destinait à l’origine à une carrière de menuisier avant de travailler dans de grandes enseignes de bricolage. En 2009, en quête de renouveau, il décide de prendre un nouveau virage.
« L’idée d’ouvrir une cave à rhum ne m’est pas venue immédiatement, confie-t-il. Je pensais plutôt à un bar ou à un club. Le déclic a eu lieu quand je cherchais désespérément une bouteille de rhum Karukera.Christian de Montaguère avait déjà ouvert une cave spécialisée dans les produits des Antilles. Mon ambition était de créer un lieu dédié aux rhums du monde entier. »
Avant de monter A’Rhûm, Freddy décide d’approfondir ses connaissances : il suit une formation au Centre international des spiritueux, à Segonzac (Charente).
Là-bas, on lui concocte un cursus sur mesure d’une semaine, centré sur la dégustation avec l’aide du consultant Jean-Luc Braud, qui deviendra un ami. « C’était incroyablement enrichissant, raconte-t-il. Un bon dégustateur doit s’intéresser à tous les spiritueux pour bien comprendre le rhum et ses spécificités, qui se mêlent parfois à d’autres catégories. »
UNE VRAIE CAVERNE D’ALIBABA DU RHUM MAIS PAS SEULEMENT
Freddy Lucina a commencé par 280 références et propose aujourd’hui près de 1 500 produits. « J’ai démarré avec seulement du rhum mais j’ai élargi ma sélection, notamment au rhum brésilien, la cachaça, grâce à de nouveaux distributeurs », explique-t-il. Sa cave inclut également les stocks de son ancienne boutique, G34.3, avec une offre spécialisée en gins, alcools d’agave, piscos…
« J’ai demandé à mon architecte de concevoir une structure en bibliothèque dans cet espace de 45 m² », se souvient-il, évoquant le rangement méthodique de ses produits, divisés en 3 : hispanique, français, et anglais. Il ajoute : « Ma philosophie est d’assurer un renouvellement constant et d’exclure les produits distribués en grande surface. » Grâce à cette approche, Freddy attire les connaisseurs friands de découvertes.
L’IMPORTANCE DU CONSEIL ET DE LA DÉGUSTATION
Pour guider sa clientèle, notre caviste s’appuie sur quelques règles bien établies : « Je commence par demander le budget. Aujourd’hui, les gens sont très attentifs aux prix. Chez nous, les tarifs vont de 30 à 39 900 € (oui, vous avez bien lu !), avec une plage entre 30 et 40 € qui rencontre le plus de succès. Entre 90 et 100 €, ce sont de très beaux cadeaux », explique-t-il, insistant sur l’importance de s’adapter au goût du client. Pour les novices en rhum, il préconise d’abord des classiques de la tradition hispanique comme Diplomático, suivis de Santa Teresa. Ensuite, il les fait évoluer vers des rhums de style anglais avant de les initier aux rhums agricoles français, plus puissants et végétaux « Et une fois le tour achevé, on recommence, comme pour le vin », conclut-il.
DES SOLUTIONS POUR FAIRE FACE À LA CRISE
Comme beaucoup de cavistes, A’Rhûm se heurte à une baisse des ventes. « Les Jeux olympiques n’ont pas eu d’impact sur notre chiffre d’affaires. Je dois ajuster les commandes en limitant le stock à 2 ou 3 produits par gamme », reconnaît Freddy Lucina. Pour dynamiser l’activité, il mise sur des cours de dégustation organisés plusieurs soirs par semaine, d’une durée de 2h30 avec des tarifs allant de 52 à 99 € selon le nombre de bouteilles présentées et innove en organisant des événements avec des fournisseurs, proposant des promotions et en animant les réseaux sociaux pour renforcer la visibilité de la cave.
En matière de spiritueux, A’Rhûm met l’accent sur le gin français et s’intéresse aux produits de mixologie en intégrant notamment la chartreuse et d’autres liqueurs et vermouths, des bases parfaites pour les cocktails.
203, rue Saint-Martin – 75003 Paris.
Tél. : 01 42 77 85 92.
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