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Slane : entre rock, whisky et durabilité

Niché le long de la Boyne River à environ 50 km au nord de Dublin, Slane Castle est bien plus qu’un simple château de carte postale. Depuis le début du XVIIIe siècle, la famille Conyngham a la lourde charge de le préserver. Afin de générer les revenus nécessaires pour y parvenir, pas d’autre choix que d’innover.

POUR QUELQUES LIVRES STERLING DE PLUS

De nos jours, posséder un château et des terres implique un grand nombre de responsabilités, au centre desquelles trône la très onéreuse question de sa conservation.

C’est en 1981 que Lord Henry Mountcharles prend la décision de transformer Slane Castle en un site de concerts en plein air, la topographie des lieux s’y prêtant particulièrement. Les plus grands noms du rock s’y sont produits avec entre autres U2, Metallica, Queen, Guns N’ Roses, Madonna ou encore David Bowie, sans oublier les Rolling Stones et Bob Dylan.

Grâce à ces événements, Slane Castle dégage les revenus indispensables à son entretien, notamment après un incendie dévastateur en 1991, qui ravagea une bonne partie du château.

« Notre famille a toujours été la gardienne du domaine, pas seulement ses propriétaires », déclare Alex Conyngham, fils de Lord Mountcharles. 

Cependant, la famille comprend vite qu’il lui faudra diversifier ses rentrées d’argent. Une idée émerge alors dans l’esprit d’Alex : le whisky.

UN LIEU IDÉAL POUR LA PRODUCTION DE WHISKY

Slane Castle Irish Whiskey voit le jour en 2009. Pour lancer la marque, les jus utilisés sont initialement sourcés dans d’autres distilleries – ce qui n’est désormais plus le cas, 100% de leurs bouteilles étant produites à la distillerie, whisky de grain compris.

2015 marque la réelle naissance de Slane et un tournant particulièrement important pour les Conyngham, puisque c’est l’année où fut signé un partenariat avec Brown-Forman (propriétaire de Jack Daniel’s), se concrétisant entre autres par un apport de 

50 millions de dollars pour faire sortir de terre la distillerie. Cela assure aussi à Slane un approvisionnement de fûts de qualité constante.

Cette unité de production ultramoderne bénéficie de la proximité immédiate de l’eau de la rivière Boyne. De plus, une partie de l’orge utilisée (pour des éditions spéciales) provient des parcelles alentour.

LA MAÎTRISE DES ÉTAPES D’ÉLABORATION

La distillerie s’intègre parfaitement dans le paysage : elle utilise au mieux les anciens bâtiments encore présents, entre modernité et respect de l’héritage du château.

Sur le site, l’équipe dispose des alambics à repasse pour la fameuse triple distillation à l’irlandaise (qui coule à 82%) mais aussi de 2 colonnes pour leur whisky de grain (colonnes divisées en tronçons pour éviter de dépasser la hauteur du château et s’intégrer dans ce magnifique paysage ; elles distillent à 93%). Tous leurs new makes (ils en ont 3 distincts) sont divisés en 3 parties pour être enfûtées dans des fûts différents : chêne neuf américain, ex-fût de Jack Daniel’s et sherry butt ayant contenu de l’Oloroso. C’est cette palette que le Dr Gearoid Cahill (maître assembleur de Slane) va mettre à profit pour créer les profils qu’il recherche.

Le Slane Triple Casked tire parti de cet éventail de distillats vieillis en intégrant à sa recette du single malt et du whisky de grain, tous deux vieillis dans les 3 types de fûts. Il s’en trouve naturellement riche, complexe et gourmand.Il est à noter qu’une petite tonnellerie présente sur le domaine permet de réparer les fûts endommagés.

UNE MARQUE TOURNÉE VERS L’AVENIR

Les Conyngham l’ont bien compris : la production de spiritueux vieillis s’inscrit dans un temps long, ils pensent long terme et pas seulement pour le whisky en lui-même. Attaché aux pratiques durables et conscientes des enjeux climatiques, Slane a lourdement investi en ce sens : utilisation des déchets de distillation pour la production de biogaz, recyclage de l’eau afin de préserver les ressources de Boyne, réflexions sur l’hydroélectricité pour accroître l’autonomie énergétique…

« L’industrie du whisky ne peut survivre sans prendre soin de ses ressources naturelles », affirme Alex. D’ici 2030, Slane Castle vise le zéro déchet et, idéalement, la neutralité carbone.Il va même plus loin en réintroduisant sur le domaine des espèces locales d’arbres ou en plantant des haies reliant les bois entre eux afin de faciliter les déplacements de la faune sauvage. Locales aussi sont les quelques têtes de bétail du domaine, appartenant à une race irlandaise.

Dans quelques années, la marque prévoit de diversifier sa gamme en proposant des références single malts et Irish single pot still mais pas question de brûler les étapes.

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