La Gougnotte, les femmes prennent le pouvoir

Une cave urbaine écolo aux consonances féministes et LGBT : telle est la vocation du bar imaginé par Constance Charvis et Marion Luc, qui ouvrira ses portes en novembre prochain à Toulouse. Ayant pour autre particularité de vinifier son vin en son cœur, l’établissement aspire à vivifier le centre de la Ville rose. Regard.

Si les créations de bars sont courantes, la mise en œuvre d’un établissement porté par une identité forte, des valeurs et la passation d’un message sociétal n’est pas toujours vraie. À Toulouse, la Gougnotte, pallie ce manque. Encore en gestation – le local vient d’être trouvé dans le quartier de Saint-Sernin, au cœur de la ville –, le projet, qui verra le jour en novembre, est instigué par 2 jeunes femmes ayant du corps.

Œnologue, formée à l’université de Montpellier, Constance Charvis, 27 ans, a notamment travaillé comme maîtresse de chai au château de la Greffière, à Mâcon.

Titulaire d’un master en Développement et Aide humanitaire et d’un master en Études sur le genre, Marion Luc, 24 ans, a entre autres évolué comme chargée de projet au sein d’associations.

2 profils universitaires, 2 femmes, un couple qui ambitionne de mettre en scène leur regard sur le monde au travers de leur estaminet.

« L’idée est d’impulser une dynamique via des manifestations qui seront empreintes de nos convictions, déclare Constance. Nous sommes un bar féministe mais inclusif, ce qui n’est pas nécessairement développé au sein des mouvements du genre. Nous sommes aussi un bar LGBT, mais aussi et plus globalement non discriminant, adapté aux personnes à mobilité réduite, qui ne laisse pas sur le côté ceux qui ne boivent pas d’alcool… et qui au-delà de ses idéaux, met en pratique sa vision des choses en organisant des événements culturels, des dégustations et la valorisation des femmes et de leurs actions dans le monde du vin et de la bière. »

Une cuverie urbaine au cœur du bar

Parmi les ambitions des 2 jeunes femmes, la volonté de consacrer des soirées, voire des semaines aux vigneronnes et aux brasseuses pour les faire connaître au grand public. Il s’agit de donner la parole à des femmes de conviction, habitées par des valeurs féministes dans le cadre de débats ; de laisser la part belle à l’art avec la venue de groupes, de chanteurs, de comédiens…

« Nous voulons du culturel et de l’interculturalité ! », insiste Constance.

L’autre particularité de la Gougnotte sera d’installer une cuverie urbaine au sein de l’établissement où le raisin provenant des vignobles toulousains sera vinifié dans la cave du bar et directement servi à la tireuse.

«Si cela se fait en Île-de-France et aux États-Unis, c’est assez rare à Toulouse puisque la plupart du temps, les établissements qui proposent leur propre cru n’ont pas leur cave rattachée au bar», commente Constance.

Pour donner vie à leur dessein, l’œnologue et la chargée de projet humanitaire ont lancé une cagnotte sur KissKissBankBank qui leur a permis de récolter 11 247 €.

De quoi, en y adjoignant leurs fonds propres, rassurer les banques et réaliser leur rêve. Une fois l’établissement trouvé et les prêts accordés, le couple profitera de l’été pour aménager l’espace comme elles l’ont imaginé. En novembre, la Gougnotte ouvrira ses portes en plein quartier Saint-Sernin.