John Glaser est devenu une personnalité du monde du whisky. Américain de naissance mais britannique d’adoption, il s’est donné une mission : abolir les règles qui entouraient la consommation de whisky au début des années 2000.
Afin d’extirper le scotch de son carcan « chesterfield et lambris », John Glaser décide de faire un pas de côté et de s’éloigner du sacro-saint single malt pour aborder le whisky par le blend. Ses années passées dans le vin puis chez Johnnie Walker n’y sont pas pour rien. Une dégustation à même le fût chez Talisker, l’art de l’assemblage dans le monde du vin, et enfin une visite de la blending room de Johnnie Walker : 3 éléments fondateurs dans la création de Compass Box.
L’idée était là, encore fallait-il trouver les moyens de la concrétiser. Après que Diageo a refusé de se lancer dans l’aventure, il ne restait plus à John Glaser qu’à créer sa propre entreprise. C’est en 2000 que Compass Box voit le jour, dans une cuisine londonienne.
L’assemblage ouvre un monde de possibilités infinies
Expérimenter, créer, transformer, rester curieux… les mots-clefs ne manquent pas pour dépeindre la marque. Depuis la genèse jusqu’à aujourd’hui, ils ont toujours guidé John et son équipe. Mais il y en a une autre, qui peut paraître un peu terre à terre mais s’avère tout aussi importante : la buvabilité. Ce terme barbare décrit parfaitement la volonté de Compass Box à proposer des whiskies qui se boivent facilement et qui, une fois le premier verre terminé, ne demandent qu’à être servis à nouveau.
En interrogeant John sur cette idée d’explorer les potentialités permises par le blending, on peut se rendre compte de son enthousiasme et de son énergie à ce propos. Lorsqu’il répond que la seule limite est l’imagination (ce qui se reflète sur les étiquettes Compass Box), on devine alors les engrenages qui s’enclenchent dans sa boîte crânienne.
« L’inspiration se niche partout. Un whisky, un nom, une sensation… l’idée de départ peut éclore littéralement n’importe où. » surenchérit-il en évoquant l’assemblage dans le sens le plus large que le terme puisse prendre. Aucune porte n’est fermée, pas même associer des spiritueux de natures différentes ! À l’avenir, pourquoi ne pas imaginer des blended spirits, mêlant whisky et… rhum, ou encore calvados. Rien de tel pour le court terme, mais à l’avenir qui sait ?
Une gamme en perpétuelle évolution au gré des idées et… de la disponibilité des fûts
Depuis plus de 20 ans que Compass Box existe, la gamme permanente n’a eu de cesse de multiplier ses références. Chacune représentant un style marqué, de l’iconique Hedonism, whisky de grain et première création de la maison, à l’exubérant Peat Monster et sa tourbe conquérante. Ajoutez-y une centaine d’éditions limitées (y compris différentes versions des références permanentes), et vous aurez un aperçu de ce foisonnement créatif.
Mais voilà : un concept de blend sans approvisionnement en whisky n’ira pas très loin. Depuis la naissance de l’entreprise, c’est en grande partie auprès des distilleries de Diageo que s’est fourni John Glaser. Les liens qu’il avait tissés lors de ses années chez Johnnie Walker se sont avérés vitaux pour sourcer ses fûts. À l’occasion, ce sont d’ailleurs des distilleries appartenant à d’autres groupes qui lui fournissent ses éléments d’assemblage.
Ce qui n’était « pas compliqué » à l’aube du XXIe siècle est devenu sans cesse plus ardu. En effet, le whisky écossais – particulièrement au travers des single malts – a vu sa renommée exploser au cours des 20 dernières années. La demande et les prix ont suivi. Les producteurs ne souhaitent désormais plus vendre leurs fûts, préférant mettre de côté et écouler leur stock dans leurs embouteillages officiels.
Pour se prémunir des difficultés liées à ce phénomène, il existe plusieurs solutions. La première : augmenter le parc de fûts appartenant à la marque. Cela a été fait progressivement mais cela pourrait tout à fait ne pas se révéler suffisant. L’autre idée : avoir sa propre distillerie en Écosse. Le fondateur de Compass Box nous confiait que cette idée faisait son chemin. Elle pourrait aller de pair avec la création d’une blending house en terre écossaise. Pour l’instant, rien de concret à annoncer mais il va falloir suivre cette affaire de près.
Une chose est certaine : John Glaser veut donner les moyens à son imagination débordante, qu’il met au service de la création de blends toujours plus glouglou (unité de mesure de l’échelle de buvabilité).
COMPASS BOX METROPOLIS
Troisième expression de la collection The Extinct Blends Quartet, Metropolis est le fruit d’un assemblage de 6 whiskies dont 3 single malts. Tous âgés entre 19 et 24 ans, leur association résulte en un whisky intense et complexe, telle les métropoles écossaises à l’atmosphère vibrante de la fin du XVIIIe siècle, auxquelles Metropolis rend hommage.
Expressif, il a beaucoup de choses à nous dire. Il évolue sur 2 trames qui s’entremêlent : d’un côté chaleur épicée, fruitée et légèrement sombre ; et de l’autre, véritable coussin moelleux caramélisé et miellé. L’intensité devinée au nez répond présente en bouche et nous heurte de plein fouet dès l’attaque. La puissance, parfaitement dosée, porte la richesse et la chaleur de ce blend. Le boisé est ici plus présent, jusqu’à la finale où s’épanouissent également des notes de sucre roux, de vanille et de fumée ; notes qui nous accompagnent un long moment.
70 cl, 49% – Prix : 345 €
Distribution : la Maison du whisky
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