3 continents, 4 visions, une même obsession : la qualité. Voilà plus de 2 ans que les master blenders des grandes maisons de Suntory Global Spirits échangent et s’influencent. Une équipe internationale dont la récente rencontre à Paris a mis en lumière la complicité et la créativité.
UNE RÉELLE SYNERGIE
Ils étaient réunis au Cheval Blanc Paris. Shinji Fukuyo (Hibiki), Blake Layfield (Maker’s Mark), Calum Fraser (Laphroaig et Scotch & Irish) et Sarah Dowling (Connemara et Scotch & Irish) ont parlé d’une seule voix : celle de l’exigence et du partage. Depuis plus de 2 ans, ces 4 piliers du groupe Suntory échangent régulièrement. Leur objectif est de nourrir une dynamique collective entre soutien mutuel, transmission d’expériences et projets communs. Ce ne sont pas juste des collègues : ils sont impliqués dans une démarche de transparence et d’amélioration continue. Tous partagent ouvertement leurs conclusions, y compris sur les échecs.
LE BLEND COMME PHILOSOPHIE
Chaque blender possède ses caractéristiques. Shinji Fukuyo, le plus expérimenté du quatuor, insiste : « La qualité prime, puis vient l’harmonie. » Lors du développement des whiskies NAS (Non Age Statement, soit « Sans changement d’âge »), il a valorisé les jeunes spiritueux pour leurs arômes frais et fruités, qu’il qualifie aujourd’hui de « jeunes talents ». De plus, chez lui tout commence par l’eau – sa pureté, sa gestion durable et son rôle structurant dans l’équilibre final.
Blake Layfield revendique un principe clair : « Good enough is never good enough. » Son rôle chez Maker’s Mark ne se limite pas au distillat : il s’étend du champ à la bouteille, avec un soin particulier porté à la terre et à la durabilité. La certification B Corp obtenue par la distillerie est l’une de ses fiertés. Il rappelle que le rendement n’est jamais prioritaire : seule compte la qualité, à toutes les étapes.
Calum Fraser, de son côté, parle de « pursuit of the extraordinary ». Il défend une approche holistique où chaque étape est questionnée : fermentation, distillation, vieillissement. Chez Laphroaig & Bowmore, la quête de qualité s’accompagne d’une attention écologique, avec notamment des programmes de revalorisation des tourbières. Et comme pour Shinji, l’eau est un sujet central.Quant à Sarah Dowling, elle complète cette équipe avec une posture faite de curiosité et d’écoute. Elle réitère l’importance de 3 points partagés par ses collègues : l’harmonie, l’amélioration continue, et bien sûr la qualité. Son approche, très sensorielle, privilégie la justesse du profil et la pertinence des assemblages.
DES VISIONS DIFFÉRENTES MAIS COMPLÉMENTAIRES
Chacun a sa propre définition du terroir. Pour Blake, ce sont le sol et l’eau – des éléments qu’il fait tester sur différentes parcelles pour évaluer leur influence sur la matière première. Pour Calum, le terroir s’exprime aussi par le lieu de vieillissement. Islay, avec son climat et sa proximité marine, imprime une signature inimitable sur les fûts. Shinji, insiste sur le rôle des saisons au Japon, dont les contrastes marqués influencent profondément les profils aromatiques.
LES QUALITÉS D’UN MASTER BLENDER
Nul besoin d’un doctorat en chimie. Ce qui compte avant tout, c’est la passion pour le whisky. De cette passion découlent les qualités indispensables : endurance, curiosité, sens du but. Blake voit le blender comme un pont entre les équipes. Calum souligne l’importance du nez – et de la capacité à formuler ce que l’on ressent. Sarah, quant à elle, insiste sur l’humilité et la capacité à apprendre.
UNE DISCIPLINE QUI ÉVOLUE
Le bois a longtemps monopolisé l’attention des faiseurs de whisky. Mais pour ces maîtres assembleurs, c’est désormais l’ensemble de la chaîne qui mérite d’être exploré. Fermentation, distillation, matières premières : tout est sujet à expérimentation. Maker’s Mark explore les variétés de céréales dans leur mash bill (comme dans leur dernier wheated whisky). Sur Islay, la chauffe directe revient, tandis que Laphroaig consacre sa collection Elements aux variations de critères de production. L’enjeu est clair : enrichir les profils sans trahir l’ADN. Loin des figures solitaires enfermées dans leur laboratoire, le master blender version Suntory est un acteur collectif. Il écoute et il partage. Dans un monde où tout s’accélère, ces artisans prennent le temps. Pour eux, le whisky ne se fabrique pas seul, ni vite ; il se construit ensemble et avec patience.
DÉGUSTATION

HIBIKI 21 ANS Très élégant grâce à l’association de whiskies des 3 distilleries japonaises du groupe. On retrouve l’idée d’harmonie, pointe de tourbe comprise.
CONNEMARA 12 ANS Très équilibré, ce whiskey irlandais se fait fruité et légèrement fumé. La tourbe s’affirme au fil de la dégustation, sans écraser le profil.
LAPHROAIG ELEMENTS 2 Davantage de fruits, d’exotisme et de vanille que dans les expressions classiques. Évidemment la tourbe ne se fait pas oublier pour autant.
MAKER’S MARK N°46 Plus épicé et un peu plus sec que le classique, il offre une belle explosion en fin de bouche et demeure un long moment intense.


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